Explorer plus d’un demi-siècle d’histoire de Belgique en brossant le portrait d’un acteur et témoin privilégié, tel est l’objet de cette biographie. Ingénieur issu d’une dynastie industrielle libérale liégeoise, passionné de politique et d’économie, Max-Léo Gérard a vécu un parcours à virages multiples.
Ginette Kurgan-van Hentenryk est professeur émérite de l’Université libre de Bruxelles et membre de l’Académie royale de Belgique. Promoteur du Groupe d’Histoire du Patronat de l’ULB, qui a édité le Dictionnaire des patrons en Belgique. Les hommes, les entreprises, les réseaux (1996), auteur de Léopold II et les groupes financiers belges en Chine (1972), Rail, finance et politique : les entreprises Philippart (1865-1890) (1982), Gouverner la Générale de Belgique. Essai de biographie collective (1996), co-auteur de La Générale de Banque 1822-1997 (1997) et de La Banque en Occident (Anvers, 2000), elle est spécialiste d’histoire économique et sociale ainsi que des relations internationales de la Belgique aux XIXe et XXe siècles.
Cadre supérieur d’un groupe financier liégeois, haut fonctionnaire, secrétaire du roi Albert 1er, patron de presse, ministre des Finances, banquier, il évolue pendant plus de quarante ans dans les hautes sphères du pouvoir économique et politique. Homme de plume, animateur de réseaux de diffusion des idées libérales, il contribue activement à l’émergence des experts dans la prise de décision politique.
Des archives publiques et privées — dont les souvenirs de Max-Léo Gérard —, dévoilent nombre d’aspects inédits de sa carrière, qu’il s’agisse de sa collaboration avec Albert ler au lendemain de la guerre 14-18, de sa reprise en main du quotidien libéral L’Indépendance belge, de son action dans la réforme du crédit et de l’administration des finances publiques pendant la crise des années trente, de son rôle dans l’ascension du groupe de Launoit, de sa participation à la politique dite « du moindre mal » pendant la deuxième guerre mondiale ou de son engagement dans la question royale.
Bon nombre de thèmes abordés relèvent d’une brûlante actualité. Ainsi, au fil de la vie de ce militant engagé depuis sa jeunesse, assiste-t-on aux vaines tentatives d’un parti libéral profondément divisé de reconquérir dans le système politique la position d’alternative qu’il a perdue depuis l’adoption du suffrage universel à la fin du XIXe siècle. Le rôle de la monarchie fait l’objet d’une réflexion permanente et de débats dont l’argumentation conserve une résonance surprenante, notamment dans les échanges de vues entre Max-Léo Gérard et son neveu Jean Rey, figure marquante du libéralisme wallon et de la construction européenne.